Le 7 août 2024 marque le 37e mois depuis l'assassinat de Jovenel Moïse, survenu dans sa résidence de Pèlerin 5, sept mois avant l’expiration de son mandat constitutionnel. Cette date s'inscrit dans une mémoire historique empreinte de symbolisme et de résonance profonde.
Le mois d’août est, en effet, un tournant significatif dans l'histoire haïtienne, symbolisant le début des grandes révoltes contre les institutions coloniales et esclavagistes. Il rappelle le soulèvement primordial qui a conduit à la Proclamation de notre indépendance le 1er janvier 1804. Cette période est marquée par des événements décisifs tels que la cérémonie du Bois Caïman, une réunion nocturne des leaders révoltés du 14 au 15 août, qui symbolise le premier test de leadership et d’autorité dans un contexte de mobilisation collective.
Ces révoltes contre l'oppression coloniale ont été marquées par des souffrances incommensurables, avec des millions de Noirs et d'esclaves victimes de cruautés et de massacres. Cette mémoire douloureuse est perpétuée à travers les siècles, en dépit des luttes pour la dignité et la justice. L’histoire montre que les réponses des puissances coloniales ont souvent été des répliques de répression et d'anéantissement de la culture et des aspirations haïtiennes.
Les événements historiques tels que la condamnation à mort de Mackandal le 20 janvier 1758, l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines le 17 octobre 1806, l'exécution de Boukman le 7 novembre 1791, et la trahison et la mort de Toussaint Louverture en 1803, illustrent la persistance des attaques contre la résistance haïtienne. Ces événements sont des témoins silencieux d’une lutte constante contre les forces esclavagistes et les métropoles, qui ont toujours cherché à réprimer l'esprit de liberté et de dignité des Haïtiens.
Aujourd'hui, l'assassinat de Jovenel Moïse, impliquant des complicités internationales et des élites locales, représente une continuation tragique de cette logique de violence et de trahison. Ce meurtre, orchestré par des familles puissantes et des élites, a non seulement mis en lumière la corruption et la complicité interne, mais a également révélé la brutalité persistante du système.
Cet assassinat, loin de renforcer les forces conspiratrices, a, au contraire, sonné le glas de ces familles et de leurs prétentions de grandeur. Plutôt que de les glorifier, ce crime a exacerbé leur déchéance et les a placées sous le feu des critiques et du mépris. La tragédie de Jovenel Moïse, loin d'être une victoire pour ces conspirateurs, a révélé les fractures profondes et les défaillances systémiques qui gangrènent Haïti.
La persistance de cette violence et de cette trahison souligne une vérité immuable : « Qui frappe par l'épée périra par l'épée ». L’histoire de la révolte haïtienne est un témoignage de résilience, mais aussi un appel à l’action pour mettre fin à cette spirale de destruction et de désespoir. La véritable réconciliation et la justice pour Haïti ne seront possibles que lorsque les leçons du passé seront pleinement reconnues et intégrées dans la construction d’un avenir véritablement équitable et libre.
Edito24
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